En soufflant prématurément la vie de Rajiv Gandhi le 21 mai 1991, la «bombe humaine» disposée par les Tigres tamouls (de Sri Lanka) à Sriperumbudur, sur le parcours de sa campagne électorale dans le Sud, marqua à nouveau du signe de la tragédie une carrière étalée sur moins de dix ans. Le dernier héritier adulte du charisme de la famille Nehru marchait vers la victoire quand, en s’inclinant devant lui, une terroriste fit exploser la bombe qu’elle portait à la ceinture. Présentée comme la mort du Sauveur qu’appelait la difficile situation économique et sociale de l’Inde, cette fin illustre en effet toute lacomplexité des rapports de l’Inde moderne avec le «communalisme» (politisation des fidélités communautaires) et les régionalismes qu’il avait combattus sans en entraver l’essor.
Enclin à mener une vie sans histoires, ce pilote de ligne n’avait été poussé vers la vie publique que par la mort accidentelle, en juin 1980, de son frère Sanjay puis par l’assassinat de sa mère par ses gardes sikhs en 1984. Élevé dans la maison de Nehru, le fils aîné d’Indira Gandhi avait peut-être hérité de son père Feroze Gandhi le sens de la modernité que l’on prête à la communauté parsie dont ce dernier était issu. En tout cas, les goûts qui lui firent accélérer le passage de l’Inde au XXIe siècle l’avaient surtout porté vers l’univers de la technologie et un culte de sa famille et de ses amis que le pouvoir n’entama jamais vraiment et qui le fit accuser de préférer les «coteries» de ses proches aux élus de la nation.
Né le 20 août 1944, Rajiv Gandhi avait fait ses études d’abord à la très huppée Doon School puis à Cambridge où, dans la seconde moitié des années 1960, il avait rencontré puis épousé, en 1968, une Italienne, catholique, Sonia Maino, dont il eut deux enfants. Jusqu’en 1980, il avait mené la vie professionnelle d’un pilote des Indian Airlines. La période de l’état d’urgence (1975 - 1977) et de l’ascension politique controversée de son frère avait fait ressortir une probité qui lui valut le surnom de «Monsieur Propre» quand il accepta de combler le vide laissé par Sanjay. C’est en juin 1981 qu’il lui succéda en se faisant élire au Lok Sabha (Chambre du peuple) et en commençant à «aider maman» en chassant du parti du Congrès des cadres corrompus. En 1983, il devint successivement membre du comité exécutif puis secrétaire général du Congrès et attacha son nom au renversement de gouvernements d’États hostiles au pouvoir fédéral. La rumeur publique lui prêta également un rôle dans ladécision de donner l’assaut au temple d’Or d’Amritsar en juin 1984 et cette opération, en suscitant l’attentat perpétré contre sa mère le 31 octobre suivant, déboucha sur des mesures de sécurité sans précédent qui l’isolèrent souvent des forces vives de l’Inde. Appelé au poste de Premier ministre par le président Zail Singh, il mit fin aux représailles contre la communauté sikh et organisa des élections qui, à la faveur de la sympathie provoquée par les conditions de sa succession, lui assurèrent une majorité record des trois quarts des sièges du Lok Sabha. Ainsi légitimé, il fit des débuts prometteurs comportant notamment une nouvelle politique de compromis, d’«accords» avec les mouvements de rébellion des sikhs du Pendjab et des régionalistes de l’Assam ainsi qu’un dialogue avec l’opposition. Cependant, les rébellions s’amplifièrent au Pendjab et, à partir de 1988, prirent une tournure pratiquement irréversible au Cachemire. Cédant aux pressions de conseillers mal avisés, il contribua sans doute aussi au regain de tensions intercommunautaires en courtisant le fondamentalisme musulman (par une loi restreignant les droits de la femme musulmane divorcée) et l’orthodoxie hindoue (par un tournant de la politique pratiquée au Pendjab, où les hindous étaient victimes du radicalisme sikh). En matière de politique générale, ses gouvernements furent marqués par de fréquents remaniements et l’affirmation réitérée, notamment en 1985, au moment du centenaire du parti du Congrès, d’une volonté de changement qui butait sur l’électoralisme des hommes d’appareil. Pariant sur la réussite d’une libéralisation économique assortie d’une rigueur douanière et fiscale, il renia néanmoins l’intransigeance de son ministre des Finances, V. P. Singh, et le transféra au ministère de la Défense où celui-ci fit éclater, en 1987, un scandale relatif à des commissions touchées lors de l’achat par l’Inde des canons Bofors. La riposte maladroite des fidèles de Rajiv Gandhi devait conduire à la mise en cause de certains de ses proches et déboucher sur un engrenage de fausses manœuvres. L’une de celles-ci fut en 1988 un projet de loi sur la diffamation qui, dressant toute la presse contre lui, fit le jeu de V. P. Singh devenu fédérateur de l’opposition.
Sa conduite de la politique étrangère fut plus heureuse avec, notamment, une amélioration des relations indo-américaines, des progrès notables dans les relations indo-pakistanaises et, en décembre 1988, la première véritable aurore de relations sino-indiennes demeurées difficiles depuis 1962. Cependant, le retournement de la politique indienne relative aux partisans d’un Eelam tamoul (pays tamoul indépendant) à Sri Lanka lui aliéna des partisans dans le sud de l’Inde en déchaînant la haine des Tigres qui, d’abord aidés puis, à la fin de 1987, décimés par la force d’intervention envoyée à Sri Lanka, ne purent plus compter que sur l’aide des Tamouls indiens. À la veille des élections de novembre 1989, Rajiv Gandhi avait repris l’initiative avec un projet de décentralisation correspondant à l’esprit du temps. Cependant, il perdit les élections par sa manière de traiter la fièvre des fondamentalistes hindous. Deux ans plus tard, seules les erreurs de ses adversaires et son nouveau style, plus proche du peuple, l’assuraient d’un retour au pouvoir. Mais son goût des bains de foule, récemment acquis, fit le jeu des terroristes. Sans doute induit par la pression qu’il avait exercée sur le gouvernement de Chandra Shekhar pour faire renverser un gouvernement tamoul de Madras favorable aux Tigres, son assassinat a révélé en réalité la peur de voir son deuxième mandat consacrer définitivement la fermeté du gouvernement central indien.
« Avec mon mari et nos enfants, nous sommes partis faire le tour de l’Inde en un mois en novembre, et nous en revenons des sourires sur le visage et de la joie dans nos cœurs ! L’agence de Bobby nous a permis de réaliser ce rêve dans de très belles conditions et nous les en remercions. A ne surtout pas louper lors de votre séjour : les tigres de Ranthambore, le Taj Mahal au coucher du soleil, les ablutions dans le Gange au petit matin à Varanasi et le train ! »
Sofia – Italie