Longtemps marquée par des retards dans les techniques de fertilisation, les modes de culture, la sélection des plantes cultivées, l’agriculture indienne a connu des transformations profondes depuis les années 1950. La «révolution verte» a permis une croissance de la production suffisante pour faire face à l’augmentation continue d’une population passée de 350 millions à près de 900 millions d’habitants au cours des cinquante années écoulées depuis l’indépendance. Cette modernisation fondée sur l’association de l’irrigation, de l’emploi des engrais artificiels, de traitements chimiques et de la généralisation de variétés améliorées, a prolongé l’effort millénaire des agriculteurs indiens pour mettre au point une agriculture permanente dans l’essentiel du pays. Elle a augmenté la productivité de systèmes de cultures diversifiés en fonction de données naturelles et d’héritages historiques plus ou moins anciens.
D’une manière générale, le point le plus important est l’adaptation au climat à saisons sèche et humide alternées. On distingue à peu près partout deux saisons agricoles. Celle des cultures kharif correspond à la période des pluies : les semailles sont faites immédiatement après les premières averses, la récolte cinq à six mois plus tard. Celle des cultures rabi s’étend sur la saison de post-mousson et la saison fraîche et sèche. Le froid n’est pas un obstacle important bien qu’il exclue les cultures de riz dans les parties les plus septentrionales. L’obstacle principal est la sécheresse. La culture rabi n’est possible que dans des circonstances assez particulières. Dans le Nord, on peut profiter de quelques pluies d’hiver, qui tombent à un moment où l’évaporation est réduite ; ailleurs, le rabi n’est guère pratiqué que dans les périmètres irrigués ou dans les sols profonds à fort pouvoir de rétention d’eau, où les réserves accumulées pendant l’été peuvent être mises à profit pendant plusieurs mois. De toute façon, les récoltes rabi doivent être faites avant la saison chaude et sèche qui empêche toute vie végétale.
Ainsi, l’agriculture dépend largement de la quantité globale des pluies et de leur répartition dans l’année. Cependant, une ancienne pratique de l’irrigation est venue corriger les effets de la répartition naturelle des précipitations dans le temps et dans l’espace. En Inde, il y a assez peu de régions où l’irrigation soit créatrice, c’est-à-dire où elle soit une condition sine qua non de l’agriculture, comme elle l’est dans les pays d’oasis. C’est cependant le cas dans certaines parties du Rajasthan.Ailleurs, il s’agit surtout d’une irrigation «améliorante», qui permet d’intensifier l’agriculture.À cet égard, son rôle est double.D’une part, elle sert à régulariser les cultures kharif. Dans beaucoup de régions, en effet, les pluies accumulent des quantités d’eau insuffisantes, et les apports sont irréguliers. Même un mois «normalement arrosé» comporte souvent des périodes de plusieurs jours à pluies faibles ou nulles ; d’une année à l’autre, aussi, les précipitations varient beaucoup. L’irrigation servira donc à accumuler sur les champs l’eau tombée sur des vastes espaces, à la transférer de régions très pluvieuses vers celles qui sont moins favorisées ; elle permettra aussi de régulariser les apports. En deuxième lieu, l’irrigation garde en réserve une partie de l’eau tombée pendant la saison des pluies et l’utilise en saison sèche pour les cultures rabi. Ce second type de technique d’arrosage est plus spectaculaire que le premier, mais il est moins important au total.
Les techniques sont variées. Les plus simples consistent à favoriser et diriger l’inondation du sol par les grands fleuves en saison des pluies, en construisant des canaux d’inondation. On peut aussi, avec des canaux plus longs et des barrages de dérivation plus importants, utiliser l’eau des rivières qui coulent toute l’année, notamment celles qui viennent de l’Himalaya et alimentent les canaux pérennes du Pendjab et de la plaine du Gange. Les autres systèmes utilisent des réserves. Les puits, nombreux, prélèvent celles des nappes souterraines. Mais il y a une grande différence entre les puits traditionnels, aux systèmes de levage élémentaires, qui n’atteignent que les nappes superficielles, et les «puits tubés» profonds, munis de pompes à moteur. Les réservoirs artificiels sont de deux types différents. Depuis des millénaires parfois, des siècles souvent, les communautés villageoises ont multiplié les petits réservoirs à barrage de terre, connus sous le nom de tanks. Ils servent en général à régulariser les récoltes kharif, et, accessoirement, à faciliter des cultures rabi (beaucoup de tanks sont en effet vides en saison sèche). Plus efficaces, mais beaucoup plus coûteux, sont les grands barrages réservoirs, dont les eaux sont diffusées par un réseau important de canaux pérennes. La plupart d’entre eux ont été construits depuis l’indépendance.
Ces différentes techniques d’irrigation sont souvent combinées : par exemple, un tank pour assurer la culture kharif et des puits pour le rabi, dans un même champ. Les régions indiennes sont inégalement irriguées. Les systèmes d’arrosage n’existent guère dans les régions les plus humides, où l’apport pluvial est assez important pour que le besoin d’irriguer soit réduit, et dans les plus sèches où ce besoin est impératif, mais où les possibilités sont réduites. Ce sont donc surtout les plaines classées comme humides ou moyennement sèches qui ont été aménagées, car les besoins et les possibilités y sont également importantes.
Les données naturelles ainsi corrigées par les techniques d’arrosage ont abouti à la mise en place de différents systèmes agricoles. On peut schématiquement les caractériser par la céréale dominante ; chacune d’elles étant associée, plus ou moins constamment, à d’autres cultures.
Le système des millets occupe les superficies les plus étendues, bien que les millets viennent après le riz et le blé pour les quantités produites, car les rendements sont faibles dans les milieux difficiles où cette culture est pratiquée. Il s’agit surtout des plaines et plateaux secs et humides disposés selon un axe nord-ouest - sud-est qui traverse le pays, du Rajasthan au sud de l’État de Madras. Les millets, dont il existe au moins trois espèces principales (le sorgho, connu ici sous le nom de jowar, le mil, ou bajra, le petit mil, ou ragi) et de nombreuses variétés, sont des cultures kharif. Ils sont en général accompagnés d’arachides et, sur les sols noirs ou dans les régions irriguées, de coton. Ce dernier est particulièrement important sur les sols noirs du pays Mahratte. Dans le domaine du millet, les cultures rabi sont en général assez peu développées, et représentées par quelques légumes secs. Les cultures permanentes sont constituées par de nombreux arbres fruitiers, comme les manguiers, et la canne à sucre est actuellement en progrès dans les nouveaux périmètres irrigués, créés à partir des grands barrages réservoirs récemment construits sur les fleuves principaux de la péninsule.
Le système du riz est plus important à cause des masses d’hommes qu’il fait vivre, mais il est au total caractéristique de régions moins étendues. Il s’agit surtout de la périphérie de l’Inde, au climat humide. On peut opposer, en simplifiant beaucoup, deux types de régions. Dans les plaines très humides, le riz règne en maître. Il est cultivé en kharif grâce aux pluies, mais aussi en rabi, grâce à la longueur de la saison des pluies et aux facilités d’irrigation. Les autres cultures, assez diverses (nombreux légumes et, au Bengale, le jute, importante culture commerciale) jouent alors un rôle subordonné.
Dans les plaines du Sud, les cocotiers tiennent une place importante dans le système de cultures et surtout dans le paysage.
Dans les régions plus sèches et de relief plus marqué, le riz est essentiellement une culture kharif. Il se combine avec des rabi variés, arachides, millets, légumes secs, etc.
Le système du blé concerne une superficie plus petite que les deux précédents, mais, dans une grande partie du domaine qu’il occupe, les gains de productivité ont été très importants, si bien qu’il a maintenant un poids économique très supérieur à ce que ferait attendre son étendue (la production de blé a d’ailleurs dépassé celle des millets). Dans le nord de la plaine du Gange, le Pendjab, et sur quelques plateaux du centre nord de la péninsule, la culture du riz est impossible en hiver parce que la chaleur est insuffisante ; de plus, un fait culturel a pu jouer, puisque ces régions sont en contact avec l’Asie moyenne, grand domaine du blé. Le blé est cultivé en rabi, associé à des légumineuses et à des oléagineux comme la moutarde et le sésame. Mais les cultures kharif sont aussi développées : riz dans les régions les plus humides, millet ou maïs sur les terrains plus secs. La canne à sucre est également cultivée dans les périmètres irrigués.
Les systèmes agricoles sont évidemment complexes, et il n’en a été donné qu’une étude assez schématique. La modernisation de l’agriculture aboutit à des changements avec l’introduction dans les régions les plus évoluées de cultures nouvelles, et le progrès de la riziculture dans beaucoup de périmètres irrigués. Mais la répartition des systèmes classiques rend encore bien compte des grands contrastes de l’agriculture indienne, à condition toutefois de mentionner les deux domaines suivants : d’abord, les plateaux et moyennes montagnes très humides du nord de la péninsule font partie de l’Inde «du riz». Mais la culture itinérante sur brûlis est largement pratiquée par les populations tribales et l’occupation agricole du sol est très incomplète. C’est sans doute l’extrême médiocrité des sols latéritiques et le relief heurté qui expliquent que ces régions aient été négligées par les cultivateurs indiens, qui ont laissé les anciens habitants de l’Inde s’y réfugier.
Ensuite, les basses pentes de certaines montagnes très humides ont été aménagées en plantations par les Britanniques ; celles de thé sont les plus importantes, mais on produit aussi du caoutchouc, du café, des épices. Les surfaces intéressées sont limitées à des parties de l’Assam et du Kerala, mais leur importance économique est considérable.
« Avec mon mari et nos enfants, nous sommes partis faire le tour de l’Inde en un mois en novembre, et nous en revenons des sourires sur le visage et de la joie dans nos cœurs ! L’agence de Bobby nous a permis de réaliser ce rêve dans de très belles conditions et nous les en remercions. A ne surtout pas louper lors de votre séjour : les tigres de Ranthambore, le Taj Mahal au coucher du soleil, les ablutions dans le Gange au petit matin à Varanasi et le train ! »
Sofia – Italie